Voyage à travers le filtre à eau géant

Qu’est-ce qui se passe avec les eaux usées que tu jettes dans les toilettes ?  – Elles s’écoulent dans une station d’épuration – De Piwitsch a visité la plus grande station d’épuration du pays et y a découvert beaucoup de choses passionnantes.

Tu le fais plusieurs fois par jour : tu vas aux toilettes. Quand tu as fini, tu appuies simplement sur le bouton et tu tires la chasse. Tu t’es déjà demandé ce qui se passe ensuite ? De Piwitsch a visité une station d’épuration pour en savoir plus. C’est la plus grande station d’épuration du Luxembourg. Elle se trouve à Beggen, un quartier de Luxembourg-Ville, et elle est en train de s’agrandir considérablement.. En effet, de plus en plus de personnes vivent et travaillent dans la ville de Luxembourg et dans les communes environnantes, dont les eaux usées se déversent dans cette station d’épuration. Et comme nous devons tous aller aux toilettes plusieurs fois par jour, il y a de plus en plus d’eaux usées à traiter.

Clarifier les eaux usées est très compliqué

Clarifier signifie retirer des eaux usées les choses qui peuvent être nocives pour l’environnement. Il ne s’agit pas seulement du pipi et du caca, mais aussi du papier toilette, du savon, des produits chimiques, etc.Si on laissait ce bouillon – on parle ici de plusieurs milliards de litres par an – se déverser simplement dans une rivière ou dans le paysage, ce serait une énorme catastrophe. Les plantes et les animaux mourraient et cela sentirait très mauvais.

Si la station d’épuration de Beggen ne sent presque rien, c’est grâce à une énorme installation de filtrage de l’air. Elle aspire l’air malodorant. Celui-ci est ensuite nettoyé dans un filtre. Lorsque l’air ressort à la fin, on ne sent plus rien.

En cliquant sur les différents points du graphique, tu peux voir les étapes de l’épuration des eaux usées. Le bassin de débordement (en rouge) est d’ailleurs un bassin dans lequel les eaux usées peuvent être conservées. En effet, lorsqu’il pleut beaucoup, toutes les eaux usées ne peuvent pas être traitées immédiatement.

Mais le journaliste de Piwitsch a aussi pu sentir l’air avant qu’il ne soit filtré. Et – bäääh – ça sentait vraiment mauvais lorsque le chef de la station d’épuration, Luc Ley, a ouvert l’un des énormes clapets situés au-dessus de l’endroit où les eaux usées entrent dans la station. Il y a là un fleuve brun et tumultueux qui amène 500.000 à 600.000 litres d’eaux usées par heure à travers de gros tuyaux.

Mécanique et biologique

Tu peux certainement t’imaginer que la station d’épuration doit travailler très rapidement et 24 heures sur 24 pour traiter toutes les eaux usées sales. Mais comment cela fonctionne-t-il ? C’est incroyablement compliqué, mais on peut diviser le processus en deux grandes étapes. La première est l’épuration mécanique, la seconde l’épuration biologique.

Pourquoi une épuration mécanique ? Parce que l’on utilise beaucoup d’appareils et que l’on travaille avec une force qui existe partout dans l’univers : la gravité. Pour pouvoir utiliser cette force, les eaux usées sont d’abord pompées dans un grand bassin à l’aide d’énormes pompes afin qu’elles puissent s’écouler progressivement vers le bas.Tout d’abord, les grilles filtrent automatiquement les déchets de plus de cinq millimètres dans les eaux usées. Ces déchets sont ensuite lavés et envoyés dans l’usine d’incinération du syndicat d’ordures SIDOR.

Graisse, sable et boue

Dans un autre bassin, on enlève la graisse qui se trouve dans les eaux usées. La graisse et l’huile, tu le sais certainement, flottent toujours en haut de l’eau. Les éléments lourds, comme les petits cailloux ou le sable, tombent au fond de l’eau. La graisse et l’huile sont retirées. Tout cela va ensuite dans le « digesteur », qui produit du biogaz. Le sable est également lavé et placé dans un conteneur qui sera évacué plus tard.

Mais que se passe-t-il avec les particules qui flottent quelque part entre la graisse et le sable ? Dans un autre bassin, elles coulent lentement vers le fond. Pour accélérer ce processus, les exploitants de la station d’épuration ajoutent certains produits chimiques dans le bassin. Ce qui descend alors est appelé boues d’épuration primaires. Elles sont ensuite utilisées pour produire du biogaz. Le biogaz est produit à partir des poux de milliards de bactéries qui décomposent les matières organiques.

Polystyrène et bactéries

Dans l’eau qui sort du dernier bassin et dont il a été question jusqu’à présent, il y a encore des particules en suspension que l’on ne peut pas voir à l’œil nu. Cette eau est maintenant pompée avec beaucoup d’air dans un autre bassin. Ce faisant, elle remonte à travers des milliards de boules de polystyrène spécial. Tu connais certainement le polystyrène : tu trouves parfois ce plastique blanc dans des emballages.

Des bactéries se trouvent sur les billes de polystyrène utilisées dans les stations d’épuration. Celles-ci mangent les particules invisibles qui sont encore dans l’eau. Comme ce sont de minuscules animaux qui sont utilisés, on appelle cette partie de l’épuration des eaux usées l’épuration biologique. Nprès cette étape, l’eau de la station d’épuration peut être déversée dans la rivière Alzette.

La station d’épuration est donc un filtre à eau gigantesque et incroyablement compliqué. Mais ce n’est pas tout : les exploitants essaient de réutiliser tout ce qui est filtré. Une partie des déchets peut donc être recyclée. La graisse et les boues d’épuration peuvent être utilisées pour produire du biogaz.

Les boues d’épuration séchées peuvent être utilisées comme engrais pour les plantes, à condition qu’elles ne soient pas trop chargées en toxines nocives pour la nature. De nombreuses toxines se retrouvent en effet dans les eaux usées. Il peut s’agir de médicaments, de substances contenues dans les produits d’entretien ou dans les peintures, ou encore de produits de pulvérisation pour éliminer les mauvaises herbes. Ils n’ont bien sûr pas leur place dans les eaux usées, mais il est inévitable qu’ils s’y retrouvent. Les exploitants des stations d’épuration doivent alors voir comment ils peuvent filtrer ces poisons.

La technique d’épuration s’améliore sans cesse. Mais elle est encore loin de pouvoir se passer de produits chimiques, qui doivent à leur tour être recyclés. Nous ne devons pas oublier que leur fabrication consomme beaucoup d’énergie. Les stations d’épuration dans leur ensemble sont également très énergivores. Elles ont besoin de beaucoup d’électricité pour fonctionner 24 heures sur 24. Mais chacun peut contribuer à réduire la consommation d’énergie et de produits chimiques dans les stations d’épuration : ne jetez rien dans les toilettes qui ne devrait pas s’y trouver ! Il faut aussi économiser l’eau et le papier toilette.

Extension pour des centaines de milliers d’utilisateurs

Si vous vous rendez actuellement à la station d’épuration de Beggen, vous verrez un énorme chantier. On y procède à une extension massive. En effet, la population et le nombre de personnes qui vivent et travaillent dans la capitale et dans les communes environnantes ne cessent de croître. Si bien que la station d’épuration doit filtrer toujours plus d’eaux usées. Le chantier devrait être achevé d’ici 2030. L’extension coûte plus de 295 millions d’euros. Tu veux en savoir plus sur la station ? Ou te renseigner sur l’avancement des travaux ? Alors regarde les images des caméras. Car le chantier est filmé en permanence. Il suffit de cliquer ici pour voir les images.

Les toilettes ne sont pas une poubelle !

« C’est simple », dit Luc Ley, chef de la station d’épuration de Beggen. « Seuls l’urine, les matières fécales et le papier toilette doivent être jetés dans les toilettes. Rien d’autre » ! On ne peut évidemment pas éviter de nettoyer ses toilettes, mais on peut le faire avec du savon normal. Utiliser des produits chimiques agressifs ou des produits pour que les toilettes sentent meilleur, Luc Ley trouve cela superflu.

Outre les polluants chimiques, ce sont les serviettes en papier et autres objets similaires qui l’inquiètent le plus. Ils bouchent en effet les stations d’épuration parce qu’ils ne se dissolvent pas dans l’eau. Cela peut entraîner de graves dommages aux pompes et autres appareils. Si celles-ci tombent en panne, le fonctionnement des stations d’épuration peut certes se poursuivre, car les pompes sont toujours installées en double ou en triple. Mais les réparations seront très coûteuses.

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